Aux débuts de la colonisation du sud-ouest de l'Australie Occidentale en 1829, les quelques observateurs qui s'intéressèrent aux Aborigènes Noongar qui occupaient la région cherchèrent à identifier qui parmi les Noongars détenait les droits de propriété. Imprégnés des idéaux et stéréotypes de leur époque, ils n'étaient pas en mesure de saisir la complexité et la diversité de la société Noongar et tentaient de reconnaître des éléments qui leur étaient familiers. Ils essayèrent notamment de définir des tribus qui seraient dirigées par des chefs et occuperaient des territoires bien délimités. Cette confusion et perplexité face à l'entité sociale détentrice des droits de propriété s'est poursuivie au travers des travaux des anthropologues du 20e siècle. Ce n'est qu'à partir de la fin du 20e siècle, qu'anthropologues et historiens ont remis en question l'idée d'une culture aborigène statique et figée. La flexibilité de la société Noongar a ainsi été mise en lumière. Néanmoins, dans certains contextes comme dans le cas des revendications foncières, cette vision de la société Noongar n'est toujours pas prise en considération. Au travers de cette présentation, je montrerai comment les écrits des premiers observateurs et leur désir de délimiter des territoires tribaux ont contribué à une représentation figée de la société Noongar. A partir de l'exemple des revendications foncières actuellement en cours dans le sud-ouest, j'expliquerai en quoi cette vision perdure et quelles en sont les conséquences.

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